Conseil n° 1 : fonder ses choix sur une vision et une stratégie communes
La plupart des entreprises accordent trop peu d'attention à la répartition et conception des emplois. « Toute entreprise devrait examiner d'un œil critique la conception des emplois et opérer des choix réfléchis en matière d'organisation du travail », déclare Lieven Eeckelaert. « Du moins si l'on veut des emplois qui optimisent le talent de chaque collaborateur et être prêt à relever les défis de demain ».
C'est dans cette optique que Workitects organise le ‘Lab d'innovation : s'organiser autrement’, pour inciter les dirigeants d'entreprise à la réflexion. Dans quelle direction voulez-vous aller ? Comment votre organisation est-elle structurée ? Est-ce un choix délibéré ? Comment envisagez-vous la collaboration des salariés à l'avenir ? « Nous partons toujours des défis qui se posent au sein de l'organisation. Il n’y a pas de modèle ou de forme organisationnelle valable pour tous. Nous expliquons aux entreprises les conséquences de certains choix au niveau de la structure et analysons quel choix aboutit à l'effet désiré ».
Conseil n° 2 : des emplois axés sur les résultats plutôt que sur les tâches
Traditionnellement, les emplois sont axés sur les tâches, alors qu'il est souvent plus efficace de les axer sur les résultats. « Notre approche place l'être humain au centre. Comment concevoir les emplois autrement pour que les individus puissent travailler et collaborer le mieux possible ? », explique Lieven Eeckelaert.
« Pourquoi ne pas associer les opérateurs en emballage au processus de production qui précède ? », poursuit-il. « Cela permet d'apprendre, d'effectuer des rotations, d'intervenir là où c'est nécessaire ... et surtout, de faire émerger des talents. À titre d'exemple, je citerai le cas d'un jeune opérateur, qui avait suivi des études d'informatique. Bien qu'il n'ait pas obtenu le diplôme, il présentait l'attitude et la motivation nécessaires pour assumer certaines tâches informatiques ».
« Nous examinons comment concevoir les emplois autrement pour que les individus puissent travailler et collaborer le mieux possible » - Lieven Eeckelaert, Workitects
Conseil n° 3 : favoriser l'autonomie des travailleurs
Les études montrent que les salariés qui sont davantage autonomes éprouvent plus de plaisir au travail. « L'autonomie ne veut pas dire tout lâcher », souligne Lieven, « mais créer une structure où les travailleurs peuvent prendre leurs propres décisions, ont leur mot à dire et assument des responsabilités. »
Et de nuancer : « Dans la pratique, tous les travailleurs ne veulent pas davantage d'autonomie. Et c'est très bien ainsi. Si on réussit à obtenir l'adhésion de certains, on pose déjà des bases considérables et crée une dynamique positive susceptible d'inspirer les autres. »
Impliquer d'emblée le personnel dans les changements, c'est aussi remporter son adhésion. Lieven : « Nous avons aidé les salariés d'une entreprise de pâtisserie à répartir eux-mêmes les tâches 5S de façon logique et équitable au sein de l'équipe, de sorte que c’est devenu l'affaire de tous. »
Conseil n° 4 : miser sur le partage du leadership
Selon un scénario fréquent dans le secteur, ce sont les meilleurs experts qui se hissent au rang de chefs d’équipe. On attend de plus en plus d'eux qu'ils aient des compétences relationnelles qui leur permettent de devenir des coachs. Les responsabilités supplémentaires qu'apporte la digitalisation tendent également à tomber dans leur champ d’action.
« Nous constatons que les managers font souvent office de tampon entre la direction et le terrain », ajoute Lieven. « Ce sont comme des surhommes qui reçoivent et règlent tout, mais leurs forces finissent par s’épuiser. »
« Les responsables ne sont pas des surhommes : tôt ou tard, leurs forces s’épuisent. » - Lieven Eeckelaert, Workitects
« Nous avons donc introduit les principes du leadership partagé dans une entreprise de produits surgelés. Celle-ci a choisi de pousser l'expérience très loin. Non seulement les tâches ont été transférées aux conducteurs de ligne, de sorte que la charge de travail soit mieux répartie, mais le travail de ces derniers s’en est retrouvé ainsi plus intéressant et stimulant. Les responsables ont également été dissociés de leur équipe et fonctionnent désormais en rotation. Résultat : moins de problèmes lors des changements d'équipes et celles-ci bénéficient des atouts de chaque manager ».
Conseil n° 5 : mesurer pour mieux savoir
Les enquêtes destinées au personnel sont un outil puissant pour identifier les contraintes de temps, la satisfaction au travail, l’implication et l'intention de quitter l'entreprise. Les points de blocage sont ainsi détectés de manière ciblée.
« À la Brasserie Lefebvre, nous avons utilisé le Baromètre du Travail Faisable pour analyser les risques psychosociaux », explique Lieven. « Nous avons découvert que les salariés qui devaient travailler au rythme des machines subissaient plus de stress. En leur confiant plus de contrôle sur la cadence du travail et en améliorant la communication, leur bien-être s'est notablement amélioré. »
Conseil n° 6 : créer un récit commun
Ce sont les entreprises où la direction, les ressources humaines et la production travaillent de concert qui affichent les processus de changement les plus performants.
« Organiser le travail autrement permet non seulement d'en alléger la charge, mais aussi de booster l’agilité et les performances de l'entreprise », conclut Lieven. « En définitive, tout est relatif à l’humain : faire en sorte que le personnel collabore mieux dans un environnement qui le soutient, le motive, le valorise et lui offre des opportunités. »
Qui est Workitects ?
Workitects soutient le secteur dans sa quête de structures organisationnelles durables. Ce centre d'expertise s'appuie sur des recherches axées sur la pratique, des formations interactives, des méthodologies pratiques et des modèles de conception personnalisés.
Ces dix dernières années, Workitects a aidé près de 50 entreprises alimentaires à mettre en place une organisation du travail plus efficace et plus centrée sur l’humain. Mesurer la faisabilité du travail avant et après certains de ces processus de changement a révélé que :
- La faisabilité a augmenté de 10 % en moyenne.
- Le besoin de récupération a diminué de 12 %. Il s’agit d’un indicateur clef du stress et de l’épuisement, qui permet aussi de prédire les problèmes de santé et l’absentéisme.
- La probabilité que les collaborateurs envisagent de quitter l’entreprise a diminué de 22 %.
- Les travailleurs qui ont eu plus d'occasions de tenter des expériences et d'évoluer dans leur carrière ont démontré une plus grande motivation et implication.
Lieven Eeckelaert : architecte organisationnel
De par son expérience de conseiller en prévention et en ergonomie, Lieven Eeckelaert s’intéresse au lien entre le contexte organisationnel du travail, la conception d'une équipe et le travail faisable. En tant que consultant senior en organisation du travail innovante, il aide les entreprises à booster leurs performances et la faisabilité des emplois. Il a mené plusieurs projets d'innovation dans divers secteurs au sein de Workitects.