Éric n’a que 55 ans, mais a déjà 40 ans d’activité professionnelle. Il pourrait prendre sa retraite prochainement, s’il le souhaitait, car il a suffisamment cotisé. Mais il n’en a pas du tout envie pour le moment. Son métier lui plaît bien. Puis, tant qu’on a la santé, comme il dit. Il a d’abord travaillé pendant 25 ans dans le secteur textile, dans le Nord de la France. En 2009, il commence à travailler chez Ecofrost comme aide opérateur. Il occupe aujourd’hui un poste de leader pour les équipes de production et d’emballage. Il arrive tôt le matin, quitte l’usine après le changement de pause, quand il est sûr que tout va bien. « Les équipes ont besoin de ce contact, dit-il, c’est important. »

Communiquer, ça prend du temps

Éric a donc un œil sur toute la chaîne de production, à l’exception des frigos, pour lesquels il y a un autre responsable. À son poste, il a carte blanche pour les problèmes qu’il est en mesure de résoudre seul. Si le problème est trop complexe, il se tourne vers la direction. Il lui communique ce qui vient du terrain et, dans l’autre sens, rapporte aux opérateurs ce qui doit être amélioré. « Savoir parler avec les personnes, c’est important, dit-il. Expliquer pourquoi il faut faire les choses ainsi, et pas autrement. Tout ça prend du temps. »

Si on lui demande ce qui le fatigue le plus dans son travail, il répond après un moment d’hésitation : la marche. « Je le sens au bout de la journée. Les espaces sont très grands. Je vais sans cesse d’un endroit à l’autre. Mais si j’ai besoin de souffler, je peux sans problème m’arrêter cinq minutes. »

Et si l’on veut savoir ce qui l’intéresse le plus, la réponse fuse immédiatement : « Le contact humain. C’est super important. Chaque personne est différente. On essaie de garder un esprit familial, mais plus l’entreprise grandit, plus cela devient compliqué. Un esprit familial, c’est tout le monde, tout le temps au bon moment », explique Éric. Et il poursuit : « Sur le terrain, les gens sont parfois livrés à eux-mêmes. Certains ont des problèmes personnels. S’ils en rencontrent aussi sur la ligne de production, cela fait beaucoup. Quand quelqu’un de l’équipe a besoin de soutien, on essaie de redresser la situation. On doit jouer un peu le rôle de psychologue. »

Apprendre à écouter et à gérer des situations

Éric dit qu’il ne voit pas pourquoi les gens viennent le trouver. Mais il est clair qu’il inspire de la confiance. En outre, il a suivi une formation, proposée par Alimento, qui portait précisément sur le rôle de « Personne de confiance ».

Éric d’Ecofrost : « Au début, je ne voulais pas la faire, cette formation, confie-t-il. Cinq jours, cela m’apparaissait trop long. J’aime bouger, j’ai du mal à rester assis pendant des heures. J’ai commencé à travailler à 14 ans, et à 14 ans, j’étais sur le terrain. Je ne suis pas passé par cette étape des longues études... » 

En fin de compte, il est content de s’être un peu forcé. « Cela m’aide au quotidien. Pour discuter avec les gens, pour être capable de les orienter, ne plus m’emballer dans les conversations, ne pas prendre parti pour l’un ou pour l’autre... Quand il y a un conflit, j’ai appris à gérer les situations. C’est un plus. Sur le terrain, en étant leader, je suis tout le temps en contact avec beaucoup de gens qui ont différents soucis. Avec moi, ils se libèrent, ils me racontent et ça leur fait du bien. »

Qui dit automatisation, dit organisation du travail différente

Depuis son arrivée chez Écofrost en 2009, il a vécu de nombreux changements. 

Éric d’Ecofrost : « L’évolution, c’est énorme, dit-il. D’abord l’automatisation puis le bien-être des gens au travail. Quand je suis arrivé, on chargeait encore les palettes à la main… Il n’y avait pas tous ces robots. Mais l’automatisation n’explique pas tout. Il y a eu aussi beaucoup de progrès dans l’organisation du travail, avec la création de certains postes comme le mien. Au début, j’étais parfois effaré de ce que je voyais : des gens de la maintenance qui, tout d’un coup, s’occupaient de l’emballage, par exemple. Je n’avais jamais vu ça ailleurs. À l’emballage, il y avait cinq opérateurs et pas de responsable. Cela engendrait du malaise. Certains n’avaient plus envie de venir travailler, à cause des difficultés qu’ils rencontraient. Maintenant, ils arrivent avec le sourire. Il y a des responsables qui gèrent leur travail. Ils en avaient besoin. La structure a bien changé, même si l’évolution doit se poursuivre. »

Éric n’a jamais rechigné à la tâche et il râle un peu quand on l’interroge sur les perspectives d’avenir pour le travail dans l’usine. Il râle contre les jeunes qui, selon lui, « arrivent les mains dans les poches ».

Éric d’Ecofrost : « C’est beaucoup plus compliqué de travailler avec eux. Il faut s’adapter à leur façon d’être sur le terrain. Mais c’est à nous de les éduquer. Aujourd’hui, un jeune qui arrive, il a deux mains gauches, il ne sait pas comment on tient une raclette. Avant, un jeune qui arrivait, il savait. Aujourd’hui, ils manquent d’initiative, même rien que pour balayer. Ils voient qu’il y a des frites par terre, mais c’est nous qui devons leur dire de balayer. Nettoyer son poste de travail, travailler dans un endroit propre et sain, c’est important. Mais, heureusement, on leur donne des formations, et ça fonctionne bien. »

La formation peut aussi favoriser l’inclusion

Éric d’Ecofrost : « On travaille avec un atelier protégé. Un gars est venu de lui-même pour me dire : "Je ne pensais pas que tu étais aussi bien. Je pensais juste que tu étais un « bête » chef. Mais tu m’as appris plein de choses et je t’en remercie, parce que, grâce à toi, j’ai avancé." Cela m’a fait plaisir, parce qu’il s’est rendu compte que si j’avais serré la vis, c’était pour l’amener à se débrouiller seul, à être autonome ».

Des questions sur les labs d'innovation ?

Cliquez sur cette page pour recevoir plus de renseignements complémentaires ou contactez Benoît Dutat.

Prenez contact pour plus d’info

This question is for testing whether or not you are a human visitor and to prevent automated spam submissions.

Restez informé

Entreprises alimentaires

Inscrivez-vous à notre newsletter pour rester informé sur nos formations et services.

Retour vers le haut