Alimento : Qui êtes-vous ? Qu'est-ce qui vous anime ?

Frank : Workitects est un centre d'expertise sur la conception et la structure des organisations. Notre mission est de mettre en place des organisations à fort impact, avec du travail faisable et porteur de sens. Nous menons des recherches pragmatiques et orientées vers la pratique. Nous développons des outils, des méthodologies et des cadres pour une organisation du travail innovante, comme notre schéma organisationnel, les labs d'innovation ou encore le Baromètre du Travail Faisable. 

Alimento : Qu'entendez-vous par "organisation innovante du travail" et "s’organiser autrement" ?

Frank : La méthode classique d'organisation est basée sur la production du modèle Ford T au début du 20ème siècle : découper les processus et cloisonner toujours plus les personnes. Nous remettons en question ce modèle. Les organisations ont l'habitude de donner un travail à quelqu'un et de travailler en fonction des tâches à accomplir. Chez Workitects, nous pensons qu'il est possible de créer des organisations où les gens collaborent en fonction des résultats.

Alimento : Pourquoi devons-nous avoir un regard différent sur les organisations ?

Frank : Les personnes au sein de l'organisation se voient attribuer un rôle de plus en plus important. Nous nous éloignons de la pensée axée sur la production et l'allégement. Mais quel est l'impact de cette évolution sur les personnes ? En 15 ans, beaucoup de progrès ont déjà été réalisés à cet égard, en raison des résultats de la recherche, mais aussi de l'évolution sociodémographique. Il n’y a pas assez de jeunes pour faire face à la prochaine vague de départs à la pension. Les entreprises sont de facto confrontées à des problèmes de recrutement. 

À cela s'ajoutent la variété toujours plus grande de produits, les exigences en matière d'emballage et les demandes de plus en plus spécifiques des clients. Votre organisation peut-elle faire face à ces changements et à cette pression ? Par ailleurs, l'enseignement n'est pas suffisamment en phase avec le marché du travail. Les gens sont-ils "compétents" pour faire le travail ? Enfin, l'évolution rapide de la technologie et de la digitalisation a un impact majeur sur les organisations et les emplois.

Alimento : Une approche orientée résultats est-elle plus performante ?

Frank : Si vous pouvez mettre en place une organisation axée sur les résultats en intervenant sur la manière dont les gens travaillent ensemble ou non, en examinant les individus et le contenu du travail, cela a un impact sur la faisabilité du travail. Auparavant, celle-ci était liée à la personnalité des gens : "ils ne peuvent pas tenir le coup", ou bien nous examinions la charge physique et procédions à des ajustements ergonomiques. 

Aujourd'hui, l’on accorde plus d’attention au cognitif et à l’émotionnel, donc en d’autres terme le burnout, les maladies mentales, etc. À partir de l'analyse des causes, nous nous demandons : ne devrions-nous pas examiner l'organisation du travail et la manière dont elle est structurée ? Workitects a pour but de sensibiliser à l’influence de l'organisation du travail sur la faisabilité des emplois, d'une part, et à fournir des outils permettant d'apporter d'éventuels changements, d'autre part.

Alimento : Ces outils sont différents pour chaque entreprise ?  

Lieven : C'est exact. Il ne s'agit pas d'une question de "juste ou pas juste". Les challenges qui se posent à l'intérieur de l'organisation sont notre point de départ et nous envisageons comment il est possible de s'organiser au mieux pour les relever. Ce sont des choix. Nous voulons simplement que ces choix soient délibérés et justifiés. 

En tant qu'entreprise alimentaire, comment pouvez-vous être aussi agile et flexible que possible tout en gardant un œil sur le travail faisable ? Comment créer autant d'emplois que possible dans lesquels les gens veulent rester ? Cela peut se faire, par exemple, en leur donnant plus d'autonomie. Cela ne signifie pas que "chacun fait ce qu'il veut". Mais cela signifie : créer un cadre dans lequel les collaborateurs peuvent travailler et coopérer de manière ciblée. 

C'est pourquoi, ces dernières années, nous nous sommes concentrés non seulement sur la conception organisationnelle et comment faire fonctionner les équipes, mais aussi sur les emplois. Comment pouvons-nous concevoir ou "aménager" les emplois différemment pour que les gens travaillent et collaborent le mieux possible ?

Alimento : Et pour l'avenir ?

Frank : En l'occurrence, je pense avant tout à ce que l'on appelle les "systèmes". Il y a encore pas mal de travail dans ce domaine. Comment récompenser et rémunérer les gens ? Le système de rémunération s'appuie encore toujours sur le modèle de classification des emplois, sur la base des tâches à accomplir. Ne peut-il pas être axé sur les résultats ? Pourquoi un responsable évalue-t-il ses collaborateurs individuellement chaque année ? Les collaborateurs ne peuvent-ils pas s'évaluer les uns les autres et donner un feedback ? 

Deuxièmement, le développement des talents. Aujourd'hui, les gens sont encore souvent coincés dans un mode de pensée axé sur les compétences, avec des parcours de carrière tracés de façon verticale. Nous rendons les gens très compétents dans un domaine très restreint. De plus en plus d'organisations croient au développement des talents et aux parcours de carrière horizontaux. Compte tenu de l'étroitesse du marché du travail, c'est également une nécessité. Mais il faut aussi une structure organisationnelle et des outils qui rendent possible et facilitent le développement de carrières horizontales.  

Et puis, bien sûr, la digitalisation et les évolutions technologiques. Les processus sont fortement automatisés : des lignes de production qui produisent des tonnes de frites avec 2 ou 3 opérateurs ou une ligne de production de fromage qui fabrique de la mozzarella au kilomètre et où il n'y a que 5 ou 6 personnes qui circulent. Nous sommes en train d'éroder les emplois. 

La question qui se pose alors est la suivante : "Comment donner aux gens des jobs intéressants ?" C'est l'un des défis sociétaux des prochaines années. Les choses évoluent tellement rapidement que certaines entreprises choisissent de ne pas numériser ou automatiser leurs process parce qu'elles ne savent pas ce que leurs collaborateurs devront faire par la suite. 
C'est là que Workitects intervient. Quel est l'impact de la technologie sur votre organisation du travail ? Comment affecte-t-elle votre personnel ? Vous sentez-vous responsable ou cela vous laisse-t-il indifférent parce qu'il existe de toute façon un filet de sécurité sociale ? Et que se passera-t-il si la législation change, comme aux Pays-Bas, et que vous devez payer pour les coûts que vous avez ainsi engendré ?

Alimento : D'où vient votre affinité avec l'industrie alimentaire ?

Frank : La formation seule ne suffit pas. Nous devons nous orienter davantage vers l'accompagnement, l'inspiration mutuelle, le partage d'expériences, le travail en réseau. Alimento a été l'un des premiers à instaurer cela en tant que fonds de carrière du secteur alimentaire. Il a également très bien saisi le thème du travail faisable, principalement sous l'angle structurel. Alimento souhaite également impliquer d'autres secteurs. Ils veulent partager leurs connaissances entre les secteurs, et c'est ce que nous voulons aussi : que les entreprises manufacturières s'inspirent les unes des autres et se renforcent mutuellement. 

Lieven : La vague de l’entreprises libérée en France a joué un rôle plus important en Wallonie. Le principe était le suivant : "Nous croyons en ce que les gens ont de meilleur et nous sommes convaincus qu'ils résoudront eux-mêmes les problèmes". Ensuite, il est apparu que l’on avait besoin d'un certain nombre de cadres. C'est là notre force : nous fournissons des cadres de réflexion dans lesquels l'autonomie peut se construire. 

Alimento : Avez-vous d'autres exemples d'entreprises qui font appel à vous ?

Lieven : D'une part, il y a les entreprises en croissance. Il s'agit de petites entreprises, souvent familiales, qui se développent systématiquement et dont le dirigeant estime qu'il ne peut plus tout faire. D'autre part, nous avons des entreprises qui sont devenues stagnantes. Le marché a changé, elles doivent changer en conséquence. Comment peuvent-elles créer un nouveau dynamisme dans l'organisation ? En fin de compte, la question centrale dans toutes les entreprises est la même : "Mon organisation est-elle prête à relever les défis de demain ?"

Alimento : Les 15 ans de Workitects, une belle fête en perspective ?

Lieven : Le 19 novembre 2024, nous célébrerons notre 15e anniversaire à De Hoorn (Louvain), avec des personnes issues de réseaux et d'organisations différentes, des consultants, nos partenaires. Nous nous pencherons sur ce que nous avons fait et réalisé, nous nous tournerons vers l'avenir, mais nous ferons surtout la fête.

Alimento : C’est déjà noté dans notre agenda !

Vous souhaitez participer à un lab d'innovation ?

Au cours de quatre sessions pratiques, les participants se concentreront sur huit éléments de base. Entre chacune d’elle, ils se verront confier une mission consistant à réaliser progressivement une analyse et à mettre en place un plan d'action pour l'entreprise. 

Prenez contact pour plus d’info

Lieve

Lieve Ruelens

Conseillère en recherche et développement
0472 11 86 22
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